Garnat sur Engièvre
( Allier )
Notre Village et au-delà
Histoire (7) Le Warrenner, les Varigny, Blason clef de voûte, Derek Wright, passage deux rois à Garnat
A Lesme : village de l’autre côté de la Loire, où autrefois, certains habitants venaient aux offices à Garnat S/Engièvre, parce que la Loire s’est déplacée entre eux et Lesme.
(Jean de l’Hopital, né le 8 septembre 1662, mort à 32 ans, le 16 avril 1695, inhumé dans l’église de Lesme et exhumé en 1862, mis dans une arche dans la chapelle, un pèlerinage a lieu à la Pentecôte.
Plus loin une fontaine dite « du bon saint » aux propriétés miraculeuses pour les femmes stériles, au XVIIè siècle, ses eaux servaient à faire des onguents, mais, parait-il, depuis que de « bonnes âmes » ont nettoyé les os du reliquaire, les guérisons ont ralentis. Il y a à la Fontaine, une niche dédiée à la déesse des eaux que beaucoup appelle « la Wouivre ». .
Au vieux cimetière, parait-il, se trouvent très profond, de vieux cercueils, qui ont la particularité d’être très grands.)
Mr Lucien Prunier et d’autres écrivent que Garnat , autrefois était dit Wado déformation de Vadum, une remarque importante : le mot Vadum avec un v est latin, wado est un mot germanique, car le w n’existe pas dans la langue latine, on trouve le w dans la langue celtique ( Gwendeline), il écrit même Ward, et en germain Wald, signifiant Roi. d’origine supposée romaine, belle gymnastique linguistique, le Ward , c’est un garde, guerrier germanique, d’un lieu fortifié, qui évoque l’idée de protection ou le sens de protéger quelque chose.
Le mot War est de la même famille que Warrenner, qui peut être un Maire du Palais, comme à la cour de Bourgogne, et que l’on retrouve aussi à Bourges ou un ecclésiastique chassant de son église, épée à la main, ce warrenner trouble-fête., ce mot dont découlera en latin, la varenne, la garenne, qui, plus tard, sera surveillée par un garennaire, ce peut être un officier non noble, appelé plus tard Roturier, dépositaire de fonction officielle. En Haut Allemand, au moyen âge ( XII ,XIIIè siècles) les surveillants ou les vigies disposaient en haut des villages encaissés des feux d’alerte, ils étaient dit « Warner », payés par le Seigneur du château. ( en Suisse, ce sont des guetteurs d’alerte). C’est en somme, très certainement, en ce qui nous concerne, un puissant garde-chasse, sur un territoire dit aussi SALA (réf : Fustel de Coulanges, éminent normalien du XIXè s.) et au très haut Moyen Age, pour ne pas dire à l’époque romaine, un Vila ( avec un seul L), territoire délimité par des bornes dites « terminalis » , il y a même un dieu dit « Terminus » ( territoire habité par une communauté dite Potée : au même pot) ces communautés seront chargées de défricher ces territoires, même aussi des communautés d’orphelins.
Pour faire court, le Deffend ( defend, deffens, defand) seule le phonétisme marche comme pour beaucoup de mots de la langue vulgaire, où habitera, sans doute, le Warrenner., qui donnera en latin Varigny, nom issu de Warenne, et du latin médiéval Warenna, issu sans doute du Germanique wardon (garder) ainsi que du gaulois Varenne ( terrain enclos de pieux). J’ai lu que ce nom de Varigny remonterait au Vème siècle par Le Puisaye en la paroisse ( Diacconat) d’Auxerre.
Je remarque de plus que les terrains autour du Deffend sont dit « La Varenne » ainsi que le lieu-dit « La Varenne » au Castelet du Chambon de l’Epine et aux Renauds. .
Alors on ne vous dit pas que ce mot à l’origine germanique deviendra en langage courant Varini, qui ne sera , en somme plus tard, qu’un noble gardien d’un Deffend, qui aura la charge de surveiller les animaux à fourrures très appréciés à l’époque, nous verrons une Ordonnance royale datant de 1284, qui contrôle et limite la vente et le port de fourrures tel que l’hermine, le petit gris, l’écureuil, le lapin, le chat et le loup, déjà en Europe les ballots dûment marqués ( par douzaine de peaux) serviront de monnaies d’échange sur les marchés, de plus ces garde-chasse empêcheront les chiens de divaguer et chasser, autrement dit, ils auront les jarrets tranchés et les braconniers seront pendus.
Donc Varini ou Varigny, n’est pas un Noble au sens large du terme.
Nous verrons aux XIIème et XIIIème s., des Varigni partirent en Orient pour en revenir chargés de gloire, Jean de Varigny, ainsi que deux de ses frères, seront inhumés dans la chapelle St Jean de Sept Fons, 1295 ( Notre Dame de Saint Lieu), remarquez qu’ils portent maintenant la « particule » de noblesse avec Armes ou Ecu parlants, dont je vais essayer de vous traduire ces symboles. Jean de Varigny est armé et adoubé chevalier, sans doute en Orient, d’où la denticule de sinople,: ce beau blason, dont la pierre toujours visible est une clé de voûte en gothique flamboyant, situé dans l’entrée, à droite dans notre église de Garnat : dit à l’« Ecu d’argent au semis d’hermines à la bordure denticulée de ? », sans parler du collier de perles qui entoure cet écu ( perles signe de pureté féminine et chevaleresque) le tout entouré d’une couronne d’épines rappelant symboliquement ( sans doute) le Castelet du Chambon de l’Epine. (.
Blanc est dit « argent », c’est la couleur de la lune, qui n’est que le reflet d’or du soleil ( qui, à l’origine, est un dieu en Orient) l’hermine, c’est le noir dit « sable », un semis d’hermines , comme pour un blason , le tout entouré d’une bordure denticulée de ?, les historiens ne se prononcent pas, je peux les comprendre, car il y a possible confusion, à moins que l’on ait voulu taire quelque chose. Moi, je dis couleur « sinople » qui est le vert, de plus le mot de sinople en bas latin se dit « sinopis » qui veut dire’ parait-il de gueules, donc rouge, et ce sinople est la marque ou la couleur d’un chevalier adoubé en terre d’Orient. Dans l’héraldisme, en effet couleur rare, car de nombreux chevaliers étaient déjà adoubés avant de partir aux croisades. Dans l’écu donc, entouré de sinople (gueules), pouvons-nous y reconnaitre comme une frontière symbolique, une protection, un deffen, un territoire entouré par une frontière d’épines, rouge sang et verte au printemps ( comme pour les ronces). Ce territoire pourrait bien exprimer le sens de désertique puisqu’interdit, et ce champ d’hermines doit évoquer son séjour en Orient, sur le territoire de la Cilicie (territoire latin), zone de passage montagneux, difficile, pour ne pas dire dangereux ( zone située au sud de la Turquie, passage obligatoire pour accéder à la Palestine proche, les habitants de la Cilicie, à l’époque étaient les Arméniens dit « Ermines » ( sans H) d’où la confusion ( ce territoire français ne fut concédé à la Turquie qu’en 1927) sachant la couleur du champ de l’écu d’argent, couleur de Séléné ( nom symbolique de la lune) reflet du soleil, qui ne peut être contemplé de face. Cette couleur argent associée au sable sous forme d’un échiqueté, qui sont les couleurs du « Baucent », gonfanon du Temple.
A Garnat donc, seigneurie du Deffend et Torcy ( Torci), sans oublier Beaulon, qui sont liés par des intérêts territoriaux durant plusieurs siècles.
Le parler local possède la particularité, d’être vivant, dans le sens phonétique, peu importe son orthographe, seul le son est compréhensible, pour preuve, nous avons vu, que le mot vila avec un L, et que son homonyme villa avec deux L, ne désignent pas la même chose, comme l’écrit, si justement, Fustel de Coulanges, au XIX è s., les noms de lieux ne sont, depuis la conquête romaine, que la survivance, le plus souvent, du nom de leur fondateur, ou des noms ayant rapport avec une particularité de l’endroit, exemples possibles :
Le nom de Calba, qui est dit au pluriel les Calbas, Calbats nous semble évoquer deux des fils du roi Galba, Suessions, pris comme otages par Jules César en l’an – 57 et libéré à Diou en -52 par Vercingétorix. ( Les Suessions, habitants la région de Soissons, ou en vérité la cité originelle se trouve dans une courbe de l’Aisne au lieu-dit Pommier, tout proche de la ville actuelle.)
Afin d’apporter plus de précisions sur cette époque du XIIème siècle, le 5 janvier 2019, Mr Dereck Wright fait une conférence à Moulins sur l’invitation de la Société d’Emulation du Bourbonnais, intitulé « que nous cachent les noms des villes et villages bourbonnais », très intéressante, de qualité certaine. Il nous parle de la langue, qui , à l’époque ancienne, n’était pas le français comme au XXIème siècle, il précise même, que dans certains cas ce langage peut être retracé à l’époque germanique, (dois-je écrire, franque sous Clovis, puis sous Charlemagne, empereur germanique.) dans beaucoup de cas le parler remonterait à l’époque gallo- romaine.
Il nous dit que grâce aux travaux de linguistes écrits par Albert Dauzas ( 1871-1955), Charles Rostaing ( 1904-1999) et Ernest Nègre ( 1907-2000) ( moi, je n’oublie pas notre éminent normalien Fustèle de Coulanges ( 1830-1889), qui nous déclare en gros que bien souvent les noms de beaucoup de lieux remonteraient à l’époque romaine par les noms de leurs premiers fondateurs. Que les toponymes ont un sens, même si nous ne savons pas précisément quel est ce sens.
Puis il nous écrit que d’autres noms reflètent la christianisation du Pays au XIème siècle : il relève environ 50 noms de saints en tout, St Germain entre autres et aussi des noms relevant de l’époque féodale ( par leur structure : comme pour notre Deffend ). J’y associe le Castelet du Chambon de l’Epine sur les terres dite « Varenne » proche des Carcoussets. Ce castelet certainement contemporain ou plus ancien que le Deffend.
Il nous dit par une remarque pertinente, l’essentiel est de se rappeler que le Bourbonnais était moins peuplé qu’actuellement. Les établissements humains étaient plus petits et plus espacés géographiquement, sans oublier que les communications étaient plus limitées car les gens se déplaçaient relativement peu. Il écrit qu’il a choisi le terme de Celtes pour tout ce qui touche au toponyme, aux langues et dialectes durant la période située entre le VIème siècle avant J.C jusqu’au Ier siècle après J.C . Nous savons que les Boïens sont des Celtes , non gaulois ( particularité : ceux-ci savent habillement travailler les métaux).
Hypothèse sur le passage de deux rois à Garnat :
J’ai à cœur de vous dire qu’une erreur tenace concernant le passage de deux rois, l’un d’Angleterre, Henri Plantagenêt, et l’autre Roi de France, Louis VII le jeune, rejoignant le Pape Alexandre III , de passage sur le territoire de la commune à la date dite de 1160 à Torci. ( période des anti-papes à Rome ou se trouvait le Pape Victor).
Bien étrange, car nous savons désormais, que le nom même de Torci, n’ apparaitra que bien plus tard par un nom d’homme d’armes, Mathieu de Torci, écuyer, à une « montre » en 1385 et 1386 ( pourquoi deux dates : car à la première, l’équipement n’étant pas conforme, il a dû se représenter l’année suivante ). A Garnat, le nom même de Torci, ne devait pas exister chez nous, en 1160. ( Torcy, actuellement Propriété de Mr Michel Sarton du Jonchay).
Pouvons- nous admettre ou supposer que le Seigneur du moment était un Varigny, qui devait habiter son castelet au « Chambon de l’Epine » situé au nord des Carcoussets, où deux mottes fossoyées, depuis longtemps disparues, sont indiquées sur le cadastre de 1811, mottes doubles, l’une pour le castelet et l’autre pour « la Basse-cour »
Pouvons –nous supposer, remontant la Loire et réunis à Lesme, ils allaient par les Carcoussets, Paray le Frésil, Chevagnes, Yzeure pour rejoindre Souvigny, sur la tombe de Odilon de Mercoeur , abbé de Cluny ( décédé le 31 décembre 1048), celui-ci descendant d’une famille de Druides Arvernes, fixée aux sources de l’Allier et de la Loire, « comme quoi la fonction sacerdotale se transmet », située dans le Mézenc ( entre Velay et Vivarais).
Mr Lucien Prunier écrit, page 142/250 : « 1538 En février ou Mars, aurait eu lieu à Torcy la rencontre entre le roi François 1er et l’empereur Charles Quint, au lendemain de la trêve de Monçon. Le roi François 1er était un familier de notre canton où il venait chasser, en particulier à Chevagnes, nommé alors Chevagnes-Le-Roi.
Trêve de Monçon 11 novembre 1537 ( Monzon en Aragon en Espagne) ou Armistice de Monçon pour trois mois ( 27-11-1537 ).
Petit rappel : 1er juin 1539, ordonnance royale contre les Hérétiques ( Vaudois de Provence) et le 10 juillet Traité de Villers Cauterets sur l’application de la langue française dans tous les actes officiels et le 31 Août ordonnance sur l’état civil. En ce qui concerne le passage à Torcy de François 1er et Charles Quint, je n’ai rien trouvé concernant cet évènement à Torcy, sachant qu’il existe d’autres Torcy ! Je pense que Mr Lucien Prunier voulait peut-être nous dire autre chose.
Nous savons qu’à Garnat sur Engièvre, née au château du Deffans en Bourbonnais,le 18 septembre 1525, Catherine de Bourbon, Abbesse de Notre Dame de Soissons ( dite Mme de Soissons) qui aura pour marraine Mme de Torci, après une vie religieuse, elle rejoindra son neveu Henri III de Navarre ( futur Henri IV de France), à Mantes en 1591, c’est elle qui sera chargée de l’instruire en la religion catholique de Rome, en son hôtel de Guise à Paris, ( où elle décèdera le 27 avril 1594 et sera inhumée en son abbaye) « parce que Paris vaut bien une messe ».Il sera converti en juillet 1593, sacré à Chartres, le 25 février 1594, absout par le Pape, le 5 septembre 1595. ( réf : La Maison de Bourbon (1256-2004) par Patrick Van Kerrebrouck et Christophe Brun,2ème édition – 2004 ).
Photos de gauche à droite
1- Tombeau de St Jean de l'Hopital à Lesme ( saône et Loire)
2- pierre Terminalis
3- Plan du Deffend
4- Les Varigny ( derniers propriétaires du Deffend)
5- carte postale "Sept Fons"