Garnat sur Engièvre
( Allier )
Notre Village et au-delà
Souvenirs (2) pendant les guerres et après
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Me promenant avec mon chien, un après midi, passant sur le pont, je vois un homme d’un certain âge, qui désigne du doigt à deux dames âgées elles-aussi, la maison de l’écluse, je m’approche et, curieux d’histoires locales, je lui demande des précisions : « oui, me dit-il, je suis né dans cette maison, ma mère seule, enceinte viendra ici à la demande de l’éclusier, sans doute, son beau père, car disait-il, tu es seule,
moi aussi, la maison est chaude et le petit, lorsqu’il viendra , sera bien entouré » cet éclusier ( Régis Féraz) a une histoire racontée dans un roman écrit par Jean Anglade et publié en 2010, ( une vie en rouge et bleu), celui-ci, originaire de la Savoie avait perdu un pied à la guerre de 14-18 à St Miheil, comme blessé de guerre, il a pu obtenir un emploi réservé le 2 janvier 1922 à l’écluse du Clos du May. Le Maitre Eclusier du moment, Albin Veyre. Nous apprenons, dans le livre, que l’éclusier à l’époque travaillait de 5 h du matin à 21h le soir, même le Dimanche, en cas d’absence, il se faisait remplacer par un mécanicien, garagiste de Chevagnes, Alfred Cravanat, qu’il payait de sa poche. Il faisait passer à l’écluse de 20 à 30 bateaux par jour, les mariniers avertissant de leur arrivée avec une trompe ( il y avait même des bateaux dits « accélérés » qui pouvaient passer la nuit.) Il a pris sa retraite Aux Voisins avec sa petite-fille Léone( qui racontera l’histoire pour le livre, celui-ci décèdera à l’âge de 106 ans, et il se fera enterrer à Chevagnes. Il est tombé d’une échelle, voulant cueillir des Reine-Claude.
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Mr Lucien Prunier nous écrit que le long de la D973, à droite avant de franchir le « Pont du Fourneau », direction Bourbon Lancy, sont encore visible les aménagements de buttes parapets sur les parcelles de terrain. C’est la survivance des aménagements produits par l’armée française en 1939-40 pour la défense du pont.
Nous pouvons aussi voir encore les mêmes réalisations sur la terre du « Haut Brenot » au nord après les bâtiments d’exploitation, côté de la « Tuilerie », réalisations pour la défense du pont sur le Canal Latéral à Loire à Garnat sur Engièvre.
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Savez-vous que ma cousine Marie-Bernadette Rochefort a vu passer à l’écluse du Clos du May, durant la guerre de 39-45, deux sous-marins de poche allemands, naviguant en surface, allant vers le sud. De même, elle m’a confirmé qu’en pareil période deux nids de mitrailleuses existaient de part et d’autre du pont sur la grand route de Moulins.
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A coté de l'écluse, se trouvait une Epicerie-Café, ( une dame travaillant chez les Livrozet et un éclusier Mr Dollet firent construire une maison en 1911 avec au rez de chaussée l’épicerie-Café: Maison Dollet), reprise par Louis "Lili" et Gaston Michel (deux frères) ( que l’on appelait couramment « les deux sans femme », jusqu’au mariage de Lili avec Arlette, fille de la Postière, ils eurent trois enfants, Pascal, Odile et Joël). Gaston faisait la tournée de bonne heure en campagne avec un camionnette Peugeot ( avec une publicité Café Excella) pour vendre leurs produits d’épicerie et autres et pour , en même temps, acheter des œufs , du fromage, du beurre, qu’il revendait aux batelières, qui venaient s’approvisionner le temps de passer l’écluse. Cette maison est actuellement occupée par des Suisses.
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A l’écluse du Clos du May, dans les années 1950-60, tous les ans un parquet ( bal) ( 14 juillet) était dressé dans le champ en face de l’épicerie-buvette ( Chez Gaston) au matin, des vélos dormant avec leur propriétaires dans le fossé, récupérant de la fatigue bien arrosée de la nuit. Je sais que l’éclusière enfermait son époux ce soir là dans la chambre du haut, mais ses copains, empruntant l’échelle du canal le faisait sortir par la fenêtre de derrière. ( cette maison d’écluse possède à l’arrière, à l’intérieur, un four à pain.).
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Je me souviens, qu’en 1972, j’ai vu un « Berrichon » (bateau) allant à Briare, bateau tiré par une mule, à l’aide d’une corde, un bien vieux marinier noirci par le temps, allant faire « fracasser » celui-ci, car, disait-il, à la retraite, l’Etat verse une prime.(info: les bateaux tirés par des hommes ou des femmes à l’aide d’une corde de chanvre est dit Châble, pratique qui s’est arrêtée à la fin de 1949.).(photo)
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Je suis venu à Garnat, quelques mois après ma naissance en vacances, il y a 77 ans, mon épouse avec ses parents ont vécus dans la maison dite « du Clos du May, nos deux familles étant amies. Le père de mon épouse, l’artiste peintre Constant Detré y est décédé (10 avril 1945) ainsi que son épouse Claire Carnat ( 15-12-1953) ( elle a fait travailler quelques dames du village pour l’aider à coudre des jouets en feutrine et toile cirée pendant la guerre, et a participé à des après-midi théâtrales à la salle des fêtes à coté de l’église.).
Légende Photos
1- roman sur Régis Féraz, éclusier à,Garnat en 1922 (une vie en rouge et bleu par Jean Anglade 2010)
2- Jean- Marie Guériaud, éclusier à l'écluse du Clos du May,n°9 dans les années 60, derrière l'épicerie-Café de Louis ( dit Lili) et Gaston Michel
3- Marinier tirant une péniche avec la bricole ( ou le châble).
4- mules tirant une péniche vers le pont qui enjambe le canal à Garnat.
5- jouets "Claire Carnat" en toile cirée cousus main par quelques dames du village.